Avec La Petite Kabyle, Sonia Amori s’est donnée pour mission de faire découvrir de manière “pop et contemporaine” la culture berbère. Portrait d’une actrice franco-algérienne qui se lance dans l’entrepreneuriat.
S’il y a bien une chose dont est fière Sonia Amori, ce sont ses origines. Au point d’en faire une marque, un étendard. Née à Tizi Ouzou, arrivée en France à l’âge de 8 ans, cette jeune actrice s’est lancée dans l’entrepreneuriat l’an passé. Avec une idée précise en tête : “faire connaître et valoriser la culture berbère, la culture Amazigh à l’étranger”. En commençant par la France, son pays d’adoption.
Ne lui demandez pas de choisir, Sonia Amori embrasse avec fierté son triple héritage. “Je me sens à la fois berbère, algérienne, française, nord-africaine… Je ne vois aucune contradiction ou opposition à toutes ces identités”, assure celle qui a tenu un rôle dans Loin des Hommes.
De la comédie à l’entrepreneuriat
Son cursus professionnel est aussi riche que ses identités. L’art et la culture constituent le fil rouge de son parcours scolaire et professionnel. Elle suit des cours dans des écoles d’art dramatique, avant de devenir comédienne. Un métier qui la faisait rêver : “Je pensais pouvoir être n’importe qui en étant comédienne”.
Je trouvais ridicule d’être représentée par une religion et une couleur, alors que mon identité est bien plus riche, plus complexe.
Mais, elle a vite découvert les limites de cet univers : “J’ai été assez vite cloisonnée dans une classification sociale. Mon premier rôle était celui d’une femme voilée tunisienne, dans la série La Commune sur Canal +, et cela m’a quelque peu enfermée”, explique la jeune femme. “J’ai également joué dans La journée de la jupe avec Isabelle Adjani. Pour mon rôle, je devais parler avec un accent de banlieue. Tout ça ce n’est pas moi. Mais à l’époque je n’ai pas eu de voix ou de couverture médiatique pour expliquer qui je suis vraiment.”
Ces expériences l’amènent à réfléchir et à imaginer un nouveau concept. “La Petite kabyle est née de ça : je trouvais ridicule d’être représentée par une religion et une couleur, alors que mon identité est bien plus riche, plus complexe.”
La Petite Kabyle, des vêtements berbères et “vegan”
Sonia Amori crée la marque La Petite kabyle en 2017 avec pour objectif de faire découvrir différemment la culture d’Afrique du Nord et des peuples berbères. Cette jeune franco-algérienne veut partager toutes les facettes de la culture berbère, tant les particularités vestimentaires que les traditions culinaires. Et pour cela, pas question d’être une entreprise comme les autres. “Lorsque j’ai réalisé mon étude de marché, j’ai découvert que l’industrie textile est l’une des plus polluantes au monde, notamment à cause de l’utilisation de produits chimiques et l’élevage d’animaux pour le cuir et la laine”, explique Sonia Amori. “Je ne voulais pas entrer dans un système destructeur”. Elle a donc fait le choix de créer une marque “vegan”. Comprendre une ligne de vêtements produite dans le respect de l’environnement.
Une précepte qu’elle applique pour les autres activités de la marque “La Petite Kabyle”. C’est ainsi le cas pour les événements culinaire qu’elle organise. Elle y sert une cuisine sans produits d’origine animale. Par ailleurs, toutes ses collections sont fabriquées avec des tissus “eco-friendly” (respectueux de l’environnement). Ces vêtements sont notamment conçus avec du coton bio. En revanche, la laine, la soie ou le cuir ne sont jamais utilisés.
Son style ? Soniar Amori dessine des lignes sobres mariant les designs occidentaux aux traditions berbères. Dans chacun de ses vêtements, la jeune femme bouscule ainsi les codes de la mode occidentale, en y intégrant des éléments de la culture berbère. “Mon but n’est pas de faire de la mode traditionnelle, mais qu’il y ait une histoire derrière chaque modèle”, raconte-t-elle.
La deuxième collection qu’elle a proposée à la vente comprenait par exemple des sarouels élégants portés taille haute ainsi que des hauts bouffants et soyeux. Elle a également développé une gamme de tee-shirts contemporains avec des messages, écrits en berbère ou en anglais, tels que “This is amazigh !”.

Un livre pour enfants
Mais la jeune créatrice ne souhaite pas développer un concept qui s’adresse uniquement aux adultes, à travers la vente de vêtements et l’organisation d’événements. Elle imagine alors un livre illustré à destination des plus jeunes. “J’avais des bons retours de la part des adultes, mais il me semblait nécessaire de parler aussi aux enfants. Ceux qui grandissent en France et qui sont originaires d’Afrique du Nord ont très peu de représentations d’eux-mêmes, de supports intellectuels dans lesquels se retrouver.”

Elle crée donc un personnage auquel ils peuvent s’identifier, une héroïne qui leur ressemble. Une jeune kabyle, curieuse et aventurière, qui habite le 18e arrondissement de Paris et qui ne sort jamais sans sa fouta et son vélo. Elle part à la découverte de la ville de Chefchaouen, située dans le rif marocain. Paysages, gastronomie, habits traditionnels… ce livre est une véritable invitation à la découverte de la culture de la région.
Par Maïna Marjany
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