Préparer le ftor, laver la vaisselle, donner le bain aux petits… Autant d’activités qui sont dans beaucoup de couples algériens l’apanage des épouses, y compris des femmes actives. Pourquoi la répartition des tâches domestiques reste une équation difficile à trouver ? Eléments de réponse.
Après une journée de travail, Amina ne traîne pas au bureau. Surtout durant le mois de Ramadan. Sous les coups de 17h, cette cadre dans une multinationale de 32 ans rentre chez elle, les courses à la main, pour entamer sa “deuxième journée de travail”.
Amina troque alors sa tenue de cadre contre son uniforme de ménagère. Le menu du ftor approuvé par le “chef de famille”, son mari Walid, allongé sur le divan, télécommande à la main, Amina peut commencer une course contre la montre. Seule.
Double journée
Amina est loin d’être un cas isolé. Combien de femmes mènent une double journée de travail, au bureau et à la maison, sans s’en rendre compte ? Combien d’Algériennes cumulent les responsabilités sans recevoir le coup de main d’un conjoint ? Pendant le Ramadan, les inégalités entre les sexes en matière de répartition des tâches ménagères sont encore plus criantes.
Passer un coup de balais, débarrasser la table, bercer les enfants, étendre le linge.. Qui n’a jamais éprouvé ce sentiment d’injustice à l’idée d’être celle qui fait tout à la maison ? Sinon, comment justifier que l’un des deux dans le couple, la femme pour ne pas la citer, s’investisse plus dans les tâches domestiques ?
La société algérienne a évolué vers plus d’équité dans le monde professionnel. Cadre, responsable de département, directrice d’entreprise, haut fonctionnaire, ministre… Les Algériennes sont parvenues à arracher des postes jusque-là réservés aux hommes. Mais, dans les foyers, les mentalités ont peu changé.
Pourquoi les époux rechignent encore autant à mettre la main à la pâte ? Pourquoi les femmes sont-elles encore nombreuses à estimer que leur compagnon n’a pas sa place en cuisine ? Pourquoi le sexisme en matière de tâches ménagères a-t-il autant la vie dure ?
“Je n’aide pas ma femme, sauf si elle est souffrante”
Dans les allées du centre commercial Mohammedia, à Alger, Rabah, un bijoutier quadragénaire, assume sans fard ne rien à faire à la maison. “Je n’aide pas ma femme, sauf si elle est souffrante. Si la femme est trop aidée elle devient complaisante, et donc elle transfert le fardeau des tâches ménagères à son mari”. Pour lui, “la contribution de l’homme doit rester marginale”.
Un homme doit rester un homme.
Femmes complices ?
Adel, un trentenaire guichetier à la poste, acquiesce. Selon lui, les hommes ne doivent épauler leur femme que dans certaines circonstance. “Aider ma femme, oh oui ! Je l’aide à déplacer les meubles”, lance-t-il.
Difficile d’entendre un son de cloche différent… même chez les femmes. Jeunes et moins jeunes sont du même avis : les corvées à la maison doivent rester, à quelques exceptions près, le domaine réservé des femmes. “J’aime que mon mari m’aide mais seulement pour des tâches secondaires comme la vaisselle ou le fait de débarrasser la table”, confie ainsi une mère de famille, rencontrée au centre commercial Mohammedia. Pourquoi se contenter de si peu ? Lorsqu’on lui demande ce qu’elle pense d’un homme qui passe la serpillière ou repasse des vêtements, elle lance, étonnée : “Ah jamais ! Un homme doit rester un homme”.
Sortira-t-on un jour de ce statu quo ?
Sarah Salima Abbas, Mourad Aouis, Salim Gora, Sofiane Bandoui
Témoignages. “Je suis Algérien et je cuisine mieux que ma mère“
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- Co-fondatrice d'Intymag.com
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