Soumia, une jeune algérienne de 27 ans qui a vécu une dépression chronique, durant des années, suite à « des accidents de la vie » comme elle le dit elle-même. Aujourd’hui ingénieure, mariée et épanouie elle raconte son combat contre cette maladie vicieuse en répondant à nos questions.
Comment a-t-on diagnostiqué ta dépression ?
Le diagnostic ne s’est pas fait immédiatement, je présentais tout d’abord une fatigue qui résistait à des heures de sommeil, il m’arrivait parfois de dormir 18h d’affilée sans vouloir bouger de mon lit, je commençais par rater mes cours à la fac, puis j’ai fini par ne plus y aller du tout. En plus de cette fatigue tenace, je perdais totalement l’appétit je me voyais maigrir semaine après semaine, c’est là que ma maman a pris pour moi un rendez-vous chez un médecin interniste qui m’a donné quelques vitamines et un bilan sanguin mais qui est revenu sans anomalies.
A l’anorexie s’ajoutait un dégoût total, je n’aimais plus rien, tout me semblait sans intérêt, en me regardant dans une glace je me trouvais laide, je me détestais et je détestais ma vie. Socialement, j’étais devenue isolée, j’ai coupé contact avec tout mon entourage, je ne répondais plus au téléphone.
J’étais devenue désespérément seule. Après des mois passés dans cet état j’ai commencé à chercher sur le net un remède à mon mal, c’est ainsi que je commençais à entrevoir les symptômes d’une dépression entre deux épisodes de déni (pas seulement le miens mais celui de ma famille également ). Après quinze jours de recherche, je suis tombée sur un forum algérien dans lequel j’ai relevé l’adresse d’un psychiatre.
C’est donc toi qui a fait ton propre diagnostic ?
Oui en quelque sorte, j’ai difficilement pensé que je vivais une dépression, et j’ai fini par croire qu’il était temps d’aller voir un psychiatre, ce fut très dur, mais je ressentais cette nécessité, car entre temps j’ai loupé mon année universitaire, j’étais devenu anorexique (je ne pesais que 41 kg pour 1m63),je ne sortais plus de chez moi, je n’avais plus aucun ami. J’ai donc décidé d’en parler à mes parents qui acceptèrent de m’accompagner eu cabinet du psychiatre.
Comment s’est déroulée la première entrevue avec le médecin ?
Je reconnais que ce fut difficile, car devant un psychiatre il faut « tout déballer », ne rien cacher ou presque en priant fort que cette fois ci on trouvera un remède à mon état.
Et le diagnostic ?
Selon le psychiatre je faisais effectivement une dépression, il m’a prescrit des antidépresseurs et des anxiolytiques, après quelques mois de traitement je commençais à voir le bout du tunnel, je retrouvais mon appétit, j’ai repris un peu de poids et j’ai repris mes études. Puis après 6 mois, en lisant la notice de mes médicaments et en voyant que je perdais légèrement la mémoire, ma maman décida de prendre tous mes antidépresseurs et de les jeter et me conseilla d’arrêter et de me reprendre en main, ce que je fis laborieusement car le syndrome de sevrage suivant la prise d’antidépresseur fut accompagné, dans mon cas, d’atroces migraines.
La guérison fut rapide ?
Oui et non j’ai réussi à guérir de ma première dépression.
Tu dis première, y a –t-il eu des rechutes ?
Effectivement, il a eu des récidives qui se sont étalées sur des années, je passais d’un épisode dépressif à un autre, pour des facteurs déclenchant différents, que ça soit la maladie de maman ou une déception amoureuse, je surfais de malheur en malheur avec toujours les mêmes symptômes : fatigue, dégoût de tout, et anorexie.
J’ai vu 3 psychiatre différents et j’ai reçu des traitement divers. Puis un jour on m’a orienté vers un médecin qui a su me comprendre, j’arrivais à me livrer sans préjugés je racontais mes moindres maux et mes moindres pensées. Avec le temps grâce un traitement que je supportais assez bien et d’une psychothérapie, j’ai réussi à passé outre ma maladie. J’ai repris progressivement mes études, malgré le grand retard que j’avais accumulé. J’ai rencontré un homme qui a su me comprendre ainsi que toutes mes blessures. Je sais que ça ressemble à un conte de fée, et qu’il existe certainement des centaines de personnes pour qui la dépression fut fatale, moi, je reste positive malgré ce que j’ai perdu toutes ses années. Je sais aujourd’hui qu’avec une bonne aide on peut s’en sortir.
Quel est ton conseil pour celles ou ceux qui souffrent encore de dépression et qui pensent ne jamais s’en sortir ?
Je dis simplement qu’il savoir demander de l’aide, qu’il n’y a pas de honte, dans la vie on a besoin des autres, le plus difficile c’est d’accepter sa maladie, de vouloir l’affronter, et de chercher un médecin pour nous tenir la main. Le reste n’est que bataille. La dépression n’est absolument pas une fatalité en luttant on peut gagner.
Propos recueillis par Imene Amani
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Bonjour, merci pour cette article qui m’à vraiment toucher et parler car je vis la même chose depuis plusieurs annees déjà. Et je voudrais si c’est possible avoir les coordonnées de ce dernier médecin qui l’a aider. Je souhaite sincèrement avoir un retour, bonne continuation et merci
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