Un historien américain décrypte le racisme français contre l’homme arabe, et plus précisément l’Algérien, en croisant histoire post-coloniale et histoire de la sexualité. A écouter !
Comment s’est construite la figure de l'”homme arabe”, pour être plus précis de l’Algérien, dans l’imaginaire collectif de la France post-coloniale, entre fantasmes et clichés ? D’où vient cette peur de l'”homme arabe”, perçu par certains comme un dangereux prédateur sexuel ?
“La nouvelle invasion arabe”
C’est à ces questions que l’historien américain Todd Shepard tente de répondre dans son ouvrage “Mâle décolonisation : de l’indépendance algérienne à la révolution iranienne”. Dans cet ouvrage, cet universitaire, spécialiste de l’Algérie, explique comment à la sortie de la guerre de Libération des mouvements d’extrême droite ont redirigé le débat politique en France afin de catalyser la haine contre ce qu’ils estimaient une “nouvelle invasion arabe”.
C’est au milieu des années 1960, souligne Todd Shepard, que les crispations de l’extrême droite évoluent : il ne s’agit plus dès lors de se concentrer sur la “Nost’Algérie” mais de se focaliser plutôt sur l’arrivée massive de “colonisateurs voraces”, “violeurs” et violents en provenance des ex-colonies françaises. Le racisme anti-arabe, dirigé notamment contre les Algériens, se pare alors d’une forte connotation sexuelle, analyse l’historien américain.
L’ouvrage de Todd Shepard trouve une résonance particulière dans l’actualité qui secoue l’Europe (montée des partis d’extrême droite, lutte contre l’immigration, débat sur la laïcité). Près de cinquante ans plus tard, cette image sexualisée et péjorative continue de coller à la peau des immigrés ou des Européens d’origine arabo-maghrébine. Il n’y a qu’à se souvenir des réactions virulentes suite aux agressions sexuelles à Cologne et dans d’autres villes allemandes, la nuit du réveillon du nouvel an, en 2016.
Ecoute l’intervention de Todd Shepard au micro de la radio françaice France Inter :
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- Co-fondatrice d'Intymag.com
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