Il photographie la misère dans les rues d’Alger depuis près de deux ans. Rencontre avec l’auteur de portraits bouleversants de SDF, qui dépérissent dans la capitale.
Invisibles pour certains, dangereux pour d’autres. Chaque jour, nous croisons, avec crainte ou sans intérêt, ces silhouettes fantomatiques, qui traînent leur misère dans les rues. De la capitale ou d’ailleurs. Le nombre de SDF croît en Algérie, aucune wilaya ne peut se targuer de ne pas compter de sans-abri au pied de ses immeubles.
“Eux aussi ont une vie”

Face à l’indifférence générale, un Algérien ose regarder la misère. Les yeux dans les yeux. Islem Haouati est architecte et voue une passion incommensurable pour la photographie. Un jour qu’il se promenait à Alger, ce jeune homme de 26 ans tombe sur une famille de SDF. Il partage un peu de nourriture avec eux mais, au lieu de passer son chemin, il décide de s’arrêter et de discuter avec. Au bout de la conversation, il sort son appareil photo et immortalise ces visages.
Dans la rue, j’ai rencontré des intellectuels, des artistes…

Près de deux ans après son premier cliché de SDF, Islem Haouati continue de donner la parole à ceux qui l’ont perdu, à force de vivre en marge de la société. Car le jeune homme, qui “défend l’art algérien à sa manière”, ne se contente pas de capturer ces âmes. Il partage l’histoire des individus photographiés. “J’essaye à ma façon de donner la parole à cette catégorie de personnes qui n’ont plus les moyens de s’exprimer. Donc, je vais à leur rencontre, on parle, on échange des idées. J’essaye d’en savoir plus sur leur vie, comment ils se sont retrouvés là”, explique l’apprenti photographe, originaire de Blida.
“Dans la rue, il n’y a pas d’intimité”

Et certaines de ces histoires sont pour le moins étonnantes. “Eux aussi ont eu une vie. Dans la rue, j’ai rencontré des intellectuels, des artistes. Il m’est arrivé de parler avec un SDF qui avait fait les beaux arts à Paris ou un autre qui avait écrit un livre. Ces gens-là existent et peuvent apporter quelque chose à notre société”, raconte Islem Haouati.
Je veux juste montrer ce que les gens n’aiment pas voir

Le jeune homme continue de développer son récit photographique sur les réseaux sociaux. Il compile les portraits, qu’il réalise, sur une page Facebook, intitulée “Ô pays raconte moi tes misères”. Mais sa démarche ne passe pas toujours bien auprès du public. Sur les réseaux sociaux, on lui a reproche de “toucher à l’intimité des SDF”. Islem Haouati rétorque : “Je pense malheureusement qu’ils ont perdu leur intimité vu qu’ils sont dehors. Dans la rue, il n’y a pas d’intimité. Je veux juste montrer ce que les gens n’aiment pas voir”.
Djamila OULD KHETTAB
Auteur

- Co-fondatrice d'Intymag.com
Société2018.01.19Ma rencontre avec Ahed Tamimi, figure de la résistance palestinienne
Algérieailleurs2017.12.07La campagne de Sofia Djama pour les Césars
Société2017.11.2425 novembre : Béjaïa marche contre les violences faites aux femmes
Cultures2017.11.2425 raisons de ne (plus) jamais aller en Tunisie
1 Comment
ALGERIE DU PETROL DOLLAR LOL !
Leave a Reply