Elles ne font pas que chanter, elles mènent un combat. Les femmes de Laama Becharia ont su s’imposer dans l’univers masculin de la musique gnawa. Durant le ramadan 2016 elles ont ému, fait sourire et bouger les Algérois avec leurs voix troublantes et leur rythme infatigable.
Si tu les as ratées, cours au prochain concert de Laama Becharia, un groupe de musiciennes du Sud hors pair. Elles ont bravé les interdits pour s’offrir entièrement à leur public. La troupe Laama Becharia menée par Souad Asla, et la très célèbre Hasna El Becharia, celle qu’on appelle la “rockeuse du désert”, s’est produit à plusieurs reprises dans la capitale à l’occasion du ramadan. Dans leurs belles robes colorées, elles ont chanté et dansé comme si chaque concert était leur dernier. Leur fougue et leur répertoire métissé nous ont séduit. C’est notre coup de cœur du mois de juin pour leur énergie mais aussi leur histoire…
Vivre la musique contre tout
Lors de leur dernier concert donné dans la sublime cour de Dar Abdelatif à Alger, Souad Asla, s’est prêtée au jeu de la confidence. “Ce n’était pas facile au départ de faire adhérer toutes ces femmes. Il fallait convaincre les pères, les maris, les frères de les laisser partir en tournée”, reconnait la chanteuse, devenue leader de Laama Becharia, ce groupe de femmes musiciennes et chanteuses venues de la Saouara depuis l’année dernière.
Elles ont toutes une histoire particulière comme Hasna El Becharia qui est la seule femme à jouer du guembri en Algérie et dans tout le Maghreb. “Le guembri est réservé aux hommes dans le gnawa. Depuis toute petite elle regardait son père en jouer sans jamais osé se lancer”, raconte Souad, qui a été son élève. “Plusieurs années après, elle a rêvé que son père lui donnait l’autorisation de jouer et elle a commencé”, poursuit Souad, à côté de Hasna El Becharia impassible. La musicienne qui est une légende parle peu d’elle, malgré l’exploit qu’elle est parvenue à faire dans un milieu masculin où la femme n’est pas la bienvenue. Elle laisse passer une émotion, celle de la nostalgie lorsqu’elle raconte que son père l’a surprise avec le guembri à la main. “Que fais-tu ya al hammara?, m’a-t-il dit en me voyant avec le guembri dans la main”, dit-elle en riant tout en gardant sa légendaire pudeur.
Mais il y a aussi Khadidja à la voix pénétrante et unique, qui a failli abandonner la musique notamment à cause des difficultés d’être une femme chanteuse en Algérie. “Quand j’ai entendu sa voix je me suis dit que ce n’était pas possible qu’elle s’arrête”, raconte Souad.
Puis Hadja Zaza, l'”ambianceuse” du groupe et la maman aussi, qui sur scène répond naturellement à ses enfants qui l’appellent sur son téléphone, et reprend aussitôt son micro pour chanter. Comme quoi on peut être femme, mère et artiste passionnée…
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- Co-fondatrice d'Intymag.com
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