Dans l’imaginaire collectif, la plage évoque détente, bronzette, farniente… Sauf pour quelques Algériennes qui, chaque été, vivent un calvaire au bord de l’eau. Entre harcèlement et jugement, les femmes n’ont pas toujours leur place au soleil.
Tu deviens stratégique. Le maillot pas trop vulgaire. La robe de plage, longue, pour ne pas choquer les voisins. Le carré sur la plage bien choisi, familial mais pas trop, avec moins de deux garçons célibataires au mètre carré. Et surtout un homme avec toi, ami, frère, père, peu importe. C’est bon tu es parée pour aller à la plage. Drôle de rituel pour une journée détente ? Pas vraiment, puisque tu le sais quand tu es une femme, la baignade n’est pas de tout repos dans certaines régions du pays.
“A Ain Taya, j’avais toujours plein de garçons derrière moi qui me suivaient. Ils attendaient que je plonge dans l’eau pour venir me tripoter sous l’eau”, raconte exaspérée, Soraya, une algéroise de 28 ans. Elle a renoncé aux plages publiques pour un temps et se contente de quelques piscines et plages privées et fermées, où tu es sûre de profiter de ton été sans être embêtée.
Elles sont nombreuses à se sentir épiées, suivies et même harcelées dans des lieux publics et sous le regards des autres plagistes.
“On ne peut pas aller dans l’eau sans être suivies, même la présence de nos proches ou familles ne les arrête pas.” Jihanne
Jeux de vilains
“Une fois un mec est même passé entre mes jambes, il s’est servi de mes cuisses comme d’un tunnel sous l’eau”. Soraya
De la drague avec les yeux, certains plagistes passent à l’attouchement, qui peut être considéré comme une agression sexuelle. “Une fois un mec a même tenté d’ouvrir les fils de mon maillot et lorsqu’il nageait près de moi il avait clairement les mains baladeuses. Il avait un air innocent, genre oups ! ma main traîne toute seule !”, se souvient encore choquée, Soraya. Des mésaventures de ce type, Meriem, 31 ans, en a connu aussi plusieurs. “Une fois, je sortais de l’eau lorsqu’un garçon a essayé de me toucher les fesses. Je suis sortie de mes gonds et je l’ai repoussé”, se souvient la jeune femme, qui ne veut plus mettre un pied sur une plage publique.
“Police des mœurs”
Et puis il y a les justiciers de la plage à l’instar d’Amal Aicha au Maroc. Certains Algériens veulent forcer les plagistes à la pudeur et s’improvisent “police des mœurs” locale. On se souvient de cet homme au bâton qui chassait les couples sur les plages de Bordj el Kiffan. Bien qu’il se soit excusé via une vidéo, il reste surprenant que certains citoyens tentent d’imposer leurs propres règles sur des espaces publics.
Il y a deux ans le journal Echorouk parlait de comités de quartier qui souhaitaient faire régner la pudeur et les valeurs islamiques dans les quartiers de Bal El-Oued, Hammamet ou encore Raïs Hamidou. Les filles en maillot de bain étaient dans le collimateur. Ils préféraient sans doute voir ces fameuses baigneuses en burkini, djaba ou même en jeans.
AMINA ZOUBIR >>> PRENDS TA PLACE >>> ÉPISODE 3… par UneteaAlger
Sonia Cheikh
Auteur

- Co-fondatrice d'Intymag.com
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