Dans cette tribune libre, Besma A., une étudiante en pharmacie de 19 ans, exprime son indignation à la suite de l’agression d’une jeune Algérienne, Ryma, alors qu’elle faisait un footing une heure avant le ftour.
La vidéo de Ryma, une jeune Algérienne agressée parce qu’elle a voulu faire un footing une heure avant le ftour, est devenue virale. Alors qu’une séance collective de running a été organisée ce samedi à Alger en solidarité avec la jeune femme, Intymag publie une tribune libre, qui sonne comme un ras-le-bol :
“Une jeune femme qui court, seule, face à la mer et voile au vent, semble indigner. Ryma, qui n’aspirait qu’à faire son footing quotidien, une heure avant le ftour a été lâchement agressée pour le simple fait d’avoir couru, exposant son émancipation aux yeux de tous. Cela choque tant les esprits qu’on lui hurle de « retourner à la cuisine », on l’agresse, on la violente, on lui somme de rentrer chez elle et de ne plus défier l’ordre établit : L’espace publique appartient aux hommes.
Le corps féminin et les regards pervers
Courir, est-ce réservé à la gente masculine dans une société encore régie par le patriarcat où la femme peine à se faire une place, peine à conquérir l’espace publique qui lui revient de droit ? Si l’égalité entre les sexes a connu une importante évolution sur le plan juridique ces dernières années, pourquoi les mentalités algériennes stagnent-elles quand il s’agit de la condition de la femme ?
Sommes-nous condamnées à vivre dans l’angoisse, voire la perversion du regard de l’autre ?
Pourquoi s’obstine-t-on à détourner les yeux lorsqu’elle se fait harceler et agresser en public ? La femme est-elle réduite seulement à son corps, objet de tentation qu’il faut absolument ensevelir au risque de déchaîner les pulsions masculines, et selon certains, bien mériter les agressions qui s’ensuivent. L’oppression de la femme qui refuse de n’être que l’ombre d’elle même devient-elle une norme de la société algérienne ? Sommes-nous condamnées à vivre dans l’angoisse, voire la perversion du regard de l’autre, qui nous jugera selon que l’on porte le voile, que l’on découvre nos bras ou que l’on ose exposer nos jambes ?
A quoi servent les lois censées protéger les femmes ?
On m’a enseigné que la Loi est au dessus de tous, homme ou femme, musulman ou non croyant, blanc ou noir. Mais il me semble que la justice s’applique différemment pour nous autres femmes. Pourquoi les lois destinées à protéger la femme ne sont- elles pas appliquées? Lorsque les femmes qui ont le courage de dénoncer leur agression se voient harcelées à nouveau, et cette fois par les autorités qui s’appliquent outrageusement à protéger l’agresseur. A qui doivent- elles alors s’en remettre ?
Deux poids deux mesures
La société algérienne, à travers les services de l’ordre, nous muselle. Après avoir tenté de rejeter la faute sur nous, il nous est systématiquement conseillé de nous taire et de passer à autre chose. On nous pousse à ne pas donner suite aux plaintes, et quand on s’acharne, on nous accuse d’en faire de trop, de se donner en spectacle et de jeter le déshonneur sur la famille.N’étant pas considérées comme des citoyennes à part entière, à l’égale de l’homme, ce dernier est constamment non redevable de ses actions, lorsque sa victime est de sexe féminin.
Courir librement
L’argument d’autorité suprême, la religion, n’est que trop souvent dangereusement instrumentalisé dans le but de soumettre, opprimer et violenter la femme. Cette même femme, à qui l’Islam a donné des droits, et émancipé, bien avant la proclamation des droits de l’Homme ou la création des mouvements féministes. L’Islam, qui de surcroît préconise de prendre en soin son corps, en vivant sainement et en faisant du sport.
Aujourd’hui, est-ce un crime de vouloir vivre librement ?
Aujourd’hui, est-ce un crime de vouloir vivre librement ? Est- ce un crime d’aspirer à étudier, sortir, travailler, aimer et courir, sur cette terre d’Algérie où hier encore le sang des femmes et des hommes s’est mêlé pour arracher la liberté. Courir librement sera-t-il pour demain, dans une société amnésique qui se laisse gravement gagner par l’obscurantisme ?”
Besma A.
Auteur

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