Pourquoi faut-il attendre de jeûner pour se respecter ?
Je suis sortie sans sourciller, sans me poser de questions, sans prendre de précautions. Ma tenue est-elle décente ? Mon chemin est-il balisé, sécurisé, approuvé par la famille et les amis ? Je n’ai même pas pris le soin de demander la permission d’un frère ou l’autorisation d’un père. Non, ce soir de Ramadan, je suis sortie sereinement.
Il était près de 21h30. Et sur mon chemin, je n’ai croisé ni regard lubrique, ni regard assassin. En fait, on ne m’a même pas regardé. En marchant, j’ai vu ce que j’aimerais voir plus souvent : des mecs discuter au pied des immeubles s’en s’occuper d’autre chose que de leur sujet de conversation ; des familles entières s’apprêtant à sortir prendre une douceur à l’extérieur ; des groupes de filles faisant du lèche-vitrine ; des dizaines de taxieurs à l’affût… Bref, j’ai vu la vie.
Comme si nous avions fait cela toute notre vie…
On aurait pu en rester là que mon bonheur n’aurait pas été moins complet. Ce soir-là, je suis sortie faire quelques longueurs dans la piscine d’un quartier populaire, qu’habituellement on fuit comme la peste à la tombée de la nuit. D’autres femmes : des mamans, des jeunes filles, des nageuses expérimentées, d’autres venues papoter en barbotant dans l’eau, ont eu la même idée que moi. On était là, en maillot de bain et bonnet vissé sur le crâne quand dehors il faisait noir. Comme si nous avions fait cela toute notre vie…
Après une heure d’effort, je suis rentrée à la maison en faisant un crochet chez un vendeur de thé. Son local exiguë était plein à craquer d’hommes buvant un thé devant un match de foot. Là encore, aucun regard n’a décroché du petit écran suspendu au mur pour me reluquer.
Parenthèse
Alors, je me suis demandée : qu’est-ce qu’il y a de si exceptionnel dans cette soirée pour qu’elle ne se reproduise une fois passé l’Aïd el Seghir ? Pourquoi le Ramadan n’est-il qu’une parenthèse heureuse dans notre quotidien ? Ne sommes nous capables de nous respecter les uns les autres que 29 jours dans l’année ? Je ne nie pas les excès de colère et l’agressivité chez certaines personnes ce qui peut nous faire vivre un enfer au cours de ce mois sacré. Mais il faut reconnaître qu’il fait indéniablement mieux vivre dans notre pays pendant le Ramadan. Et si cet esprit du Ramadan durait au-delà du mois de jeûne ? Et s’il se perpétrait après l’été, après la fin de l’année, toute la vie… Je me prends à rêver.
Qu’est-ce que je regarde à la TV pendant le Ramadan ?
#TEST. Quel type de jeûneur es-tu ?
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- Co-fondatrice d'Intymag.com
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